Ashok Radhakissoon, président de l’Information and Communication
Technology Authority’, est certain que la baisse de 44% des tarifs de
connexion pour les centres d’appels va permettre à Maurice de se placer
parmi les pays les plus compétitifs dans ce secteur. Cet avis est partagé
par Dave Kissoondoyal, directeur technique chez Bowman International
Sports Ltd, pionnier des centres d’appels à Maurice. Toutefois, ce
dernier estime que le gouvernement devrait faire plus d’efforts pour le
développement de cette industrie dans notre île.
Q: Mauritius Telecom a baissé ses tarifs de connexion pour les centres
d’appels de 44%. En quoi est-ce avantageux pour les opérateurs dans ce
domaine?
Ashok Radhakissoon : Cette mesure est le résultat de l’ouverture
des télécommunications à travers la libéralisation. Elle est surtout
avantageuse du point de vue du coût d’opération des centres d’appels.
En baissant les tarifs de location des lignes dédiées, le prix des
appels va aussi diminuer. Cela permettra aux opérateurs des centres
d’appels de devenir plus compétitifs et Maurice se placera désormais
dans le peloton de tête dans ce secteur. De plus, cette baisse des tarifs
va attirer d’autres investisseurs qui verront ainsi qu’il y a un
potentiel à Maurice pour l’emploi dans ce domaine.
Dave Kissoondoyal : C’est une mesure qui était attendue depuis
longtemps par les opérateurs. En baissant le prix de connexion pour les
centres d’appels de 44%, Mauritius Telecom nous offre l’opportunité
de devenir plus compétitifs en diminuant nos prix. Nous payerons, en
effet, Rs 360 000 par mois au lieu de Rs 1,5 m, que nous payons depuis
deux ans, pour une ligne dédiée de 2Mbps. De ce fait, les investisseurs
vont préférer venir à Maurice car les tarifs de connexion sont
maintenant inférieurs à ceux de nos principaux concurrents, à savoir le
Maroc et la Tunisie. Cette mesure du gouvernement va définitivement
donner un boost à l’industrie des centres d’appels.
Q: Selon les autorités gouvernementales, les tarifs de MT étaient déjà
très compétitifs. Vos réactions?
Ashok Radhakissoon : S’il y a eu une baisse, c’est qu’il y a un
changement au niveau du planning de Mauritius Telecom. Les prix de
connexion pratiqués jusqu’ici étaient peut-être compétitifs dans un
contexte donné. Toutefois, avec l’ouverture des télécommunications à
Maurice à partir d’octobre 2003, nous devons réajuster le prix des
connexions pour pouvoir entrer en compétition avec les pays où ce
secteur est déjà libéralisé. Dans le contexte de la globalisation,
Maurice est obligée de passer par cette étape afin d’être
concurrentielle au niveau mondial.
Dave Kissoondoyal : On se demande en quoi les tarifs de connexion
pour les centres d’appels imposés par Mauritius Telecom étaient compétitifs
quand on les compare avec ceux pratiqués dans d’autres pays. En
Grande-Bretagne, par exemple, nous payons seulement Rs 100 000 pour une
liaison de 4Mbps. Pour la même capacité à Maurice, nous payons Rs 660
000. D’ailleurs, même si l’annonce de cette baisse des tarifs de
connexion est une bonne chose, cette mesure n’est pas suffisante. Il
faudrait que Mauritius Telecom fasse encore plus d’efforts car si le
prix de la connexion continue de baisser, les opérateurs pourront louer
plus de lignes et le volume du business des centres d’appels va
s’accroître.
Q : Quelle sera la contribution des centres d’appels à l’économie
mauricienne?
Ashok Radhakissoon : Au niveau du service des appels internationaux,
Maurice va beaucoup gagner en termes de revenus. En effet, les appels que
nous recevons de l’étranger sont nettement plus rentables que ceux que
nous faisons vers d’autres pays. En élargissant le marché des centres
d’appels, le volume des appels va augmenter et va rapporter à Maurice
des bénéfices non-négligeables. De plus, une des opérations privilégiées
pour la cybercité est l’implantation des centres d’appels car Maurice
est un réservoir dans ce domaine au niveau des compétences locales. Ce
business va définitivement jouer un rôle important pour faire de Maurice
une cyberîle et pour faire du marché de l’Information and
Communication Technology’(ICT) le cinquième pilier de notre économie.
Dave Kissoondoyal : L’Information and Communication Technology’
ne peut que booster l’économie mauricienne car c’est un secteur
d’avenir. Si nous nous référons à l’expérience du Costa Rica, nous
voyons que ce pays, en cinq ans, a réussi à faire de l’ICT le
principal pilier de son économie. De plus, les centres d’appels seront
appelés à jouer un rôle important au niveau de la cybercité. Par
ailleurs, derrière chaque entreprise qui va s’y implanter, il y aura un
call-centre car tout est ‘data based’. L’industrie des centres
d’appels est aussi une solution au gros problème du chômage auquel
Maurice doit faire face actuellement. Les ‘school leavers’ trouveront
facilement un emploi car la plupart des personnes employées dans ce
domaine n’ont pas besoin d’avoir un niveau d’études élevé,
l’essentiel étant de s’exprimer correctement et d’être ‘computer
literate’.
Q : Quelles sont les autres mesures qui doivent être prises par le
gouvernement pour le développement de cette industrie?
Ashok Radhakissoon : Le gouvernement a déjà beaucoup fait pour le développement
de ce secteur en parrainant la cybercité, en négociant avec l’Inde
pour trouver des investisseurs et en offrant une formation à travers
l’IVTB’ à des ‘school leavers’ qui souhaitent se joindre à
l’industrie des centres d’appels. Les autorités doivent continuer sur
cette lancée pour faire émerger une culture de la communication et de
l’informatique. Pour faire de Maurice une cyberîle, il est primordial
que chaque Mauricien soit ‘computer literate’. Il faudrait que le prix
des PC soit rendu plus accessible pour que tous puissent y avoir accès.
Dave Kissoondoyal : Outre les différents services qui seront
offerts par les centres d’appels, les autorités gouvernementales
devraient aussi promouvoir le ‘on-line gambling and betting’ qui est
un gros filon d’exploitation pour les opérateurs du domaine. De plus,
le gouvernement ne devrait pas seulement promouvoir Maurice comme une
destination idéale pour les centres d’appels mais aussi pour les autres
services qui s’implanteront dans notre cybercité, sinon le bâtiment
sera vide..
Michaëlla
Coosnapen of 5plus Newspaper dated 11 May 2003
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